Lettre ouverte au Président de la république
Lettre ouverte du Président de la CNL, Eddie Jacquemart « Les locataires du parc social n’ont pas à payer à prix coutant la hausse du tarif de l’énergie. Il est de votre responsabilité d’agir ».
Montreuil, le 1er février 2022
Monsieur le Président de la République, Madame la Ministre de la Transition écologique, Madame la Ministre du Logement, Ce mardi 1er février, l'électricité voit son prix grimper. On parle de 4 %, soit environ 38 €/an pour la facture d'un client résidentiel et 60 €/an pour un client professionnel (chiffres de la commission de régulation de l'énergie). « Une hausse limitée grâce au bouclier tarifaire » explique l’État. Le dispositif limite aussi le nombre de bénéficiaires. Les locataires de logements sociaux en sont privés. Pour les 10 millions d’habitants d’HLM, c’est la double, la triple, la quadruple peine. C’est donc aux populations les plus impactées par le COVID, déjà confrontées à la suppression d’une partie des ALP, à l’explosion des loyers et aux passoires thermiques, que l’on va maintenant demander de payer l’addition des politiques de dérèglementation du secteur de l’énergie. La chasse aux pauvres se poursuit. Les bailleurs eux-mêmes s’émeuvent de la situation et préconisent des mesures de maitrise du coût de l’énergie. Reste que si certains d’entre eux cherchent à lisser les provisions des locataires sur l’année, d’autres prévoient d’augmenter les provisions de charge. La facture va s’avérer exorbitante. Ainsi la fédération parisienne de la CNL parle d’une hausse des charges générales de 7,5 % en moyenne hors chauffage et d’une hausse globale de 20 %, dans l’Aisne le chiffre de 30 % est avancé. Une telle situation ne peut perdurer et nous nous adressons très solennellement à vous : Il est de la responsabilité de l’État de garantir la justice sociale. Les locataires du parc social n’ont pas à payer à prix coutant la hausse du tarif de l’énergie. La CNL demande qu’une concertation s’ouvre entre l’État, les bailleurs et les associations représentatives, que la question soit mise à plat et que des dispositions soient prises. Elle exige la revalorisation immédiate des APL pour l’ensemble des publics et l’élargissement du nombre de bénéficiaires du chèque énergie afin de faire face à l’inflation. La libéralisation du secteur de l’énergie fait une nouvelle fois la preuve de sa nocivité. Coïncidence de l’actualité, Total Energies rendra public le 10 février prochain, son résultat net. Il devrait s’élever à 15 Millard d’euros - un niveau jamais réalisé pour une entreprise française - et son dividende sur l’année avoisinerait les 2,64 Milliard d’euros. Derrière ces milliards d’euros se dissimule le détournement de l’État et des banques centrales au profit du privé. Mesdames les Ministres, c’est aux actionnaires de tels groupes de payer la hausse du coût de l’énergie et sûrement pas aux habitants ! Pour la CNL enfin, la première des responsabilités de l’État doit être de sortir le gaz et l’électricité des fluctuations du marché et de restaurer un service public de l’énergie au service du développement social et écologique. Dans l’attente d’un retour de votre part, je vous prie d’agréer, Monsieur le Président de la République, Mesdames les Ministres, l’expression de mes respectueuses salutations. Eddie JACQUEMART Président de la Confédération Nationale du Logement