Et les blancs sont partis … d’Arthur Frayer-Laleix, triste constat des discriminations en France
Le journaliste Arthur Frayer-Laleix vient de publier un livre témoignant de la fracture ethnique et sociale des quartiers populaires de France. Il souligne au passage le malaise politique qui règne autour de ces questions très en vogue en période électorale.
À quelques mois de l’élection présidentielle, ce livre au plus près du terrain tente d’apporter des pistes pour soigner les maux de notre société. Pour cela, il commence par déplorer la récupération politique de ces enjeux, notamment par l’extrême droite, appuyée par le silence gênant de la gauche traditionnelle.
L’auteur souligne que « par le reportage, le constat est simple à faire. La République dit qu’elle ne fait pas de distinction selon les origines. Mais dans certains collèges, il n’y a quasiment pas un enfant blanc. Les habitants des quartiers le déplorent aussi ».
Le premier levier d’action : le logement, notamment social. L’attribution des logements sociaux lors des commissions d’attribution est fortement impactée par les discriminations. Arthur Frayer-Laleix s’appuie sur des travaux universitaires, la jurisprudence des juges ou le travail associatif pour dénoncer ce constat alarmant. Il est indispensable de revoir la politique du logement social et prévoir un travail sur l’école. Pour ce journaliste de terrain, « même dans les quartiers mixtes, les parents blancs sortent leurs enfants du circuit au moment de l’entrée au collège et l’école se ghettoïse ».
Pour ce journaliste de terrain, solidarité n’est pas synonyme de communautarisme. Pour ce dernier, l’extrême droite adopte un discours simpliste de la vie des quartiers, rejetant toute analyse des causes. Par exemple, l’extrême droite « tente d’imposer l’idée que les gens d’une même origine sont dans un même quartier car ils ne veulent pas se mélanger au reste de la population française. C’est faux. Par contre, il y a des logiques de communauté et d’entraide. L’extrême droite développe une rhétorique raciste et xénophobe sur ces questions. En face, la gauche est hélas inaudible ».
En gardant le silence, selon ce dernier, la gauche a perdu un combat. Ce sont donc les jeunes qui reprennent la cause antiraciste. Plus décomplexés, les jeunes et les associations s’emparent des mots pour dire les choses et les nommer.
A cela l’auteur ajoute que « notre tradition républicaine ne reconnaît pas de différence officiellement entre les citoyens. C’est un idéal noble vers lequel il faut tendre. Mais s’il se contente d’être un discours de pure forme, s’il n’est pas suivi de politiques, il produit l’opposé de ce qu’il prétend combattre ».
Source : « Entretien : « dans certains collègues, il n’y a plus d’enfants blancs », souligne Arthur Frayer-Laleix », Ouest France, 16/01/2022
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